« Je vis des arbres croître et changer comme des bouffées de vapeur ; tantôt roux, tantôt verts ; ils croissaient, s’étendaient, se brisaient et disparaissaient. Je vis d’immenses édifices s’élever, vagues et splendides, et passer comme des rêves. Toute la surface de la terre semblait changée – ondoyant et s’évanouissant sous mes yeux. Les petites aiguilles, sur les cadrans qui enregistraient ma vitesse, couraient de plus en plus vite. Bientôt je remarquai que le cercle lumineux du soleil montait et descendait, d’un solstice à l’autre, en moins d’une minute, et que par conséquent j’allais à une vitesse de plus d’une année par minute ; et de minute en minute la neige blanche apparaissait sur le monde et s’évanouissait pour être suivie par la verdure brillante et courte du printemps. »
SP | La mélodie, ou l’instrumentalisation de l’indigence
Lorsque la mort d'Alicia survint, son mari Alfred Busi n'a plus jamais été le même. Autrefois célèbre en incarnant le pianiste Mister Al, il ne vit qu'à travers son passé et pour les gens du passé, ancré désormais dans la solitude. C'est une rencontre fortuite qui bouleverse sa vie, tant personnelle que professionnelle. Une rencontre avec une créature qui l'attaque chez lui la nuit. C'est un « enfant », un « garçon nu », il en est persuadé. Très vite, la presse à sensation s'empare de l'affaire. Créatures, indigents, sauvages, néandertaliens ? Tous ces mots qui deviennent synonymes s'emparent de la ville, et tous ces habitants ne voient plus qu'en Mister Al, une victime d'une dangerosité sauvage...