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Les frontières imposées par les États coloniaux seraient responsables des maux africains parce qu’elles couperaient entre elles des ethnies qui se rebelleraient pour obtenir leur indépendance. C’est cette position politique que Michel Foucher contredit dans son livre publié aux éditions CNRS : Frontières d’Afrique, pour en finir avec un mythe.


Cadre du livre Frontières d’Afrique


Michel Foucher est un géographe spécialiste des frontières, par ailleurs intitulé d’une question du CAPES d’Histoire-Géographie, symbole du renouveau et de l’actualité du sujet. La collection « Débats » dans laquelle il publie souhaite tordre le cou aux idées reçues. Ainsi, Michel Foucher s’attaque aux mythes qui entourent les frontières en Afrique, des mythes issus en grande partie de l’héritage colonial et qui sont aujourd’hui instrumentalisés sur la scène politique.

Ce compte-rendu ne sera pas exhaustif et provient du livre Frontières d’Afrique de Michel Foucher. Il en reprend les principales idées d’une lecture qui est tout de même difficile par le style de l’auteur et les nombreuses énumérations d’exemples peu détaillés qui sont destinés, semblerait-il, à des lecteurs déjà experts du sujet.

Lecture conseillée et source : Michel Foucher, Frontières d’Afrique : pour en finir avec un mythe (éd. CRNS), 80 p.
Livre difficile, conseillé durant le post-bac.


La frontière africaine est une ressource

Dans Frontières d’Afrique, Michel Foucher revient directement sur le mythe des frontières coloniales qui seraient responsables du malheur des Africains et de la faiblesse des États. Le géographe spécialiste des frontières tient à repréciser que bien que le territoire africain fut partagé en aires d’influence après la conférence de Berlin en 1884-1885, les frontières post-coloniales furent en grande majorité acceptées. En effet, les années 1950-1960 sont un grand moment d’indépendances en Afrique. En 1964, la déclaration du Caire met en place le principe d’uti possidetis juris : les frontières héritées de la colonisation doivent rester les mêmes lors de l’accession à l’indépendance et chaque État doit s’engager à respecter la souveraineté et l’intangibilité des frontières des autres États. Ce principe a été de manière générale très respectée et l’Afrique s’est dotée d’institutions et de lois pour régler de manière bilatérale les désaccords et conflits qui peuvent y naître.

Les problèmes des frontières africaines sont tout autre en réalité selon Michel Foucher. L’État-Nation que nous connaissons en Europe repose sur l’idée que le pouvoir central impose son pouvoir sur la superficie entière de son territoire délimitée par des frontières. En Afrique, l’échelle n’est pas la même. Les pouvoirs centraux n’ont qu’une faible aire d’influence : les marges sont en réalité souvent délaissées et par définition marginales. En conséquence, ces territoires sont moins contrôlés et un problème d’insécurité peut se poser (terrorisme, trafic illicite…). En Afrique, c’est un problème de distance entre centre et marge qui se pose.

Michel Foucher affirme que si les frontières peuvent être sécurisées, alors elles pourraient devenir de grandes ressources. En effet, une grande partie de la richesse des États africains ne reposent pas sur la production de biens ou de services mais en réalité des droits douaniers lors des passages de marchandises aux frontières. Cela peut se compter sur quelques dizaines de pourcentage du PIB pour certains pays, une grande manne financière qui pourrait être plus conséquente si le pouvoir central contrôlait ses marges. En effet, le découpage des États africains (majoritairement établis sur des lieux naturels comme les lacs, fleuves ou montagnes voire des lignes mathématiques et astronomiques) découpent des ethnies dont les déplacements n’ont que rarement été modifiés. En bref, cela veut dire qu’en termes de personnes ou de marchandises, les frontières connaissent beaucoup de circulations transfrontalières.

Une réponse à « Frontières d’Afrique : le géographe Michel Foucher tord le cou aux mythes »

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