Depuis quelques années désormais, l’histoire de ‘l’Afrique est véritablement renouvelée. En témoignent nombre de livres d’histoire parus sur ce continent ou encore la question d’agrégation d’histoire « Les sociétés africaines et le monde : une histoire connectée (1900-1980) ». L’un des principaux artisans de ce renouveau n’est autre que François-Xavier Fauvelle, historien spécialiste de l’Afrique et professeur au Collège de France connu pour – entre autres – le Rhinocéros d’or. À travers son livre, Fauvelle propose une introduction à l’histoire africaine dans l’objectif de décentrer notre regard.

Cadre du livre Penser l’histoire de l’Afrique
La collection Les grandes voix de la recherche invite les professeurs du Collège de France à présenter leur parcours, leurs travaux et découvertes au grand public dans de courts textes. Vous ne trouverez pas ici une histoire de l’Afrique mais une manière de penser l’histoire de l’Afrique selon François-Xavier Fauvelle qui s’appuie sur ses travaux de terrain pour présenter comment la recherche évolue.
Lecture conseillée et source : François Xavier Fauvelle, Penser l’histoire de l’Afrique (éd. CRNS), 95 p.
Livre accessible dès le post-bac.
Dans Penser l’histoire de l’Afrique, Fauvelle revient sur deux positions antagonistes qui ont existé par le passé et dont quelques reliquats ressurgissent de temps à autre. La première est celle d’une histoire africaine totalement exotique, incomparable à celle des autres continents et des autres populations, telle une terre qui n’a jamais été connectée au monde et n’en a jamais subi les influences. La deuxième est celle d’une histoire de l’Afrique qui pourrait être étudiée de la même manière qu’un autre continent, Fauvelle pense que cette histoire laisse en plan toutes les compétences spécifiques qu’exige l’étude de l’Afrique pré-contemporaine. Par ailleurs, Fauvelle revient sur son parcours plutôt atypique dont le début ne fut pas teinté d’histoire. Après une « réorientation », Fauvelle a voyagé en Afrique australe et de l’Est, notamment en Éthiopie, l’une de ses régions de prédilection. Aujourd’hui, il dirige la chaire d’Histoire et d’archéologie du monde africain au Collège de France.
Dans son livre, Fauvelle relate son parcours pour mieux nous amener à comprendre ses travaux et à comment il pense l’histoire de l’Afrique. Ainsi, ses travaux de terrain servent à illustrer une Afrique qui n’est pas immuable, des sociétés qui se rencontrent et échangent, avec ou sans l’influence de la colonisation. Il avertit aussi sur les rares sources existantes, ou les biais qui peuvent exister notamment lorsque des documents passent par l’administration coloniale. Afin de faire une histoire la plus précise possible – ou d’imaginer le plus d’ouvertures possibles, Fauvelle s’inscrit dans une longue lignée d’historiens récents qui revendiquent un travail pluridisciplinaire nécessaire. Non pas qu’une personne soit spécialiste de plusieurs champs, mais que de nombreux spécialistes coopèrent chacun avec ses maîtrises pour comprendre et décrire les sociétés passées.
Fauvelle nous parle du royaume du Mâli et d’Éthiopie, mais il nous parle aussi de leur connexion avec l’étranger. Le commerce et les produits échanges sont des preuves d’une circulation des biens, d’une culture, des idées. Voilà la pensée contemporaine de l’Afrique désormais : le continent était ouvert économiquement et subissait des influences mondiales, l’Afrique n’était pas refermée sur elle-même et certains empires étaient extrêmement puissants. C’est d’ailleurs l’idée qui se cache derrière le sujet d’agrégation évoquée dans notre introduction. En conclusion, Penser l’histoire de l’Afrique de Fauvelle est un petit manuel introductif idéal pour les profanes de l’historiographie africaine !