Dans son livre, Antoine Houlou Garcia aborde la crise de confiance envers les élites politiques et notre système de représentation. Afin de le mettre en perspective et à l’aide de l’histoire, il met en avant un débat sur la représentation nationale ou locale, se demande si la bonne représentation existe, enfin termine sur l’ample implication des citoyens comme potentielle solution de réponse de ces crises.
- Cadrage du livre La politique
- Quels élus pour nous représenter ?
- Existe-t-il une « bonne représentation » ?
- Le tirage au sort comme moyen de relancer l’implication politique ?
- Lecture complémentaire

Cadrage du livre La politique
Dans son manuel, le théoricien politique Antoine Houlou-Garcia propose à partir d’idées reçues de discuter sans imposer sa vision de notre politique. Utilisant l’histoire comme proposition d’autres alternatives ou comme base de réflexion, il nous permet de prendre du recul sur notre modèle de vie politique en comprenant ce qui se faisait par le passé ou à l’étranger. Accessible de préférence dès les études supérieures et pour ceux qui ont une bonne base en culture politique.
Lecture conseillée et source :
_ Antoine Houlou Garcia, La politique, éd. Albin Michel, 2022. Chapitre 1, p. 13-48.
Aucune analyse ne m’appartient dans ce billet, il n’est qu’une synthèse des idées de l’auteur.
Quels élus pour nous représenter ?
Le premier chapitre d’Antoine Houlou-Garcia est une réflexion autour du thème de la crise de confiance envers les politiques et de notre système de représentation. D’abord, il analyse historiquement le débat autour de ce problème de représentation et plus particulièrement, le représentant élu représente-t-il son territoire ou l’ensemble du territoire ? Après le traité de Paris qui ruina l’Angleterre et la France en 1763, les colons britannico-américains refusèrent les taxes imposées par la couronne britannique pour renflouer ses caisses. Parmi les colères des colons, le fait que les décisions furent prises sans eux puisqu’ils n’étaient pas représentés au sein du Parlement. Le débat est alors né, entre les partisans d’un mandat territorial et les partisans d’un mandat national. Les derniers répondants qu’un député représente chaque individu, les premiers retoquant que dans ce cas-là, ils pouvaient tout aussi bien être élu du monde. Antoine Houlou-Garcia évoque ce débat historique comme base de réflexion : peut-on se sentir représenté si les élus ne portent pas notre parole, ni n’ont reçu notre voix ? La réponse pour le système français est que dans la théorie, le mandat est national mais dans la pratique, chaque parlementaire s’occupe davantage de la circonscription dans laquelle il a été élue.
Existe-t-il une « bonne représentation » ?
La deuxième question abordée est celle de la « bonne représentation ». En réalité, aucune bonne représentation n’existe. Que le système électoral soit un vote à la majorité, un vote à la proportionnelle ou un tirage au sort, chaque système a ses défauts et ses atouts qui dépendent notamment de la conception et de la culture politiques du pays. Le vote à la majorité crée une distorsion entre les couleurs politiques des Français et celles présentes à l’Assemblée car dans un système triangulaire, le victorieux n’a pas forcément plus de voix que la somme des deux autres candidats. Quant à lui, le système proportionnel ne pourrait pas plaire à celui qui a recueilli le plus de voix. Pour affirmer cette démonstration, Antoine Houlou Garcia propose d’une manière très pédagogique un exemple à partir du système Borda. Enfin, le tirage au sort permet de choisir n’importe qui, avec ses avantages et ses inconvénients en termes de compétence ou de représentation. Un parallèle avec la cité antique d’Athènes est établie puisque le tirage au sort fut une pratique qui se répandit lorsque le fer moins cher permis aux hoplites de se multiplier et de remplacer peu à peu à la cavalerie aristocratique, chaque citoyen mettant ainsi en danger sa vie pour la cité réclama davantage de place au sein de la société politique. Le tirage au sort fut un moyen de les désigner pour la plupart des charges, avec néanmoins des conditions (âge, volontariat).
Le tirage au sort comme moyen de relancer l’implication politique ?
Ainsi, le recours au citoyen dans la décision politique est sans doute un moyen de répondre à la crise de la confiance et de la représentation, notamment par le moyen du tirage au sort qui permet plus d’égalité dans le choix d’être sélectionné étant donné qu’une élection est déterminée par beaucoup de biais. Les tirages au sort sont des expériences qui se multiplient ou déjà connus à l’étranger (Suisse) et permettent d’offrir une culture politique à ceux qui ont la chance d’être sélectionnés. On peut aussi réfléchir à l’échelle de la représentation : une élection n’est pas forcément nationale, elle peut être locale et les citoyens peuvent davantage proposer des solutions pour les besoins de leur commune par exemple. Néanmoins, tout sujet ne peut pas être choisi, ainsi concernant les impôts, il parait évident que l’opinion majoritaire serait celle de les diminuer pour son intérêt particulier puisque trop nombreux sans ceux qui oublient sans doute l’importance des objets pour faire vivre les services que le collectif utilise.
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