Ils témoignent de leurs oraux du CAPES : l’épreuve d’entretien avec le jury

La session 2021/2022 du CAPES, tout parcours confondu, incorpore la nouveauté de l’épreuve d’entretien avec le jury. L’objectif du candidat est de démontrer sa détermination à devenir enseignant et qu’il sait se projeter dans le métier qu’il va exercer. Une présentation de soi-même et de son parcours en cinq minutes, un échange issu de cette présentation durant dix minutes constituent la première partie de l’entretien. Une seconde partie avec deux situations données aux candidats (une d’enseignement, une de vie scolaire) dure une vingtaine de minutes dans laquelle le candidat doit montrer qu’il sait faire vivre les valeurs de la République, les faire connaître, les faire partager. L’épreuve est coeff 3.

Cette nouvelle épreuve en est donc à sa première réalisation concrète. Dans l’objectif d’accompagner les futurs candidats du CAPES et à présenter au plus près les réalités de cette épreuve d’entretien, j’ai appelé sur les réseaux sociaux les volontaires à me fournir leur témoignage sur cette épreuve. Si chacun fut libre d’écrire et de rajouter ce qu’ils souhaitaient, ils étaient guidés par ces quatre questions :

1) Quel est à vos yeux le but de l’épreuve d’entretien ?

2) Quel a été votre sujet ? Comment avez-vous répondu ?

3) Quels sont les défauts et les qualités de votre passage à vos yeux ?

4) Que cherche à comprendre le jury selon vous ?

Voici leur témoignage sous pseudonymat / unique prénom gardé / nom-prénom pour les volontaires. Les candidats ayant plus ou moins de choses à dire – et leur libre expression étant privilégiée – les témoignages sont ici triés par leur taille afin de répondre aux envies de ceux qui veulent du concis et ceux qui souhaitent des détails. J’assume la volonté de laisser les témoignages entiers, mot pour mot, sans redécoupage ni retouche, pour une totale sincérité.

Le témoignage de Caroline

1) Quel est à vos yeux le but de l’épreuve d’entretien ? 2) Quel a été votre sujet ? Comment avez-vous répondu ? 3) Quels sont les défauts et les qualités de votre passage à vos yeux ? 4) Que cherche à comprendre le jury selon vous ?

1) Comprendre si nous sommes humainement et politiquement correct. Savoir si on ferait face à une situation difficile et surtout : voir si nous sommes capables de réfléchir face à n’importe quel problème ! 2) Sujet 1 : une maman refuse de rendre un devoir sur le génocide arménien sous prétexte que le terme génocide n’est pas approprié. Ma réponse : j’ai rappelé les valeurs qui étaient liées. J’ai expliqué nos obligations et les textes. Je me suis concentré sur le fait que la Maman ne voulait pas respecter quelque chose, plutôt que de parler du génocide qui est venu dans les questions. Sujet 2 : vous êtes enseignant au lycée, et vous croisez une élève avec une grande croix autour du cou dans les couloirs. Ma réponse : Valeurs + les textes + obligations. Dans mes réponses, j’ai aussi beaucoup parlé de la manière dont je m’adresse aux parents, aux élèves, à l’équipe pédagogique. 3) Pas de défauts (mes chevilles..). Qualités : J’ai été très naturelle, j’ai glisser subtilement que j’avais pu parfois être confronté à telle ou telle situation similaire, pour rappeler subtilement que j’étais enseignante et que je sais faire. J’ai montré que je réfléchissais. J’ai été critique face à mes réponses lorsqu’on me tendait une perche à ce sujet. 4) Le jury cherche à savoir si on pourrait avoir une posture enseignante adéquate par rapport à un climat scolaire qui peut être compliqué. Ils veulent voir si on est ok avec les enfants / ados / parents. Plus c’est naturel pour nous, plus ça leur plaît. Ne pas hésiter à sourire.

Le témoignage d’Arkhalabs

1 & 4) Je pense que l’épreuve d’entretien a pour objectif de cerner la façon dont le candidat articule ses connaissances du milieu scolaire en général, et des acteurs et partenaires extérieurs qui gravitent autour. Je pense par extension que le jury cherche à évaluer cette capacité du candidat à évoluer au sein d’un établissement scolaire, qui par définition contient des élèves, des collègues, et différents organes et acteurs internes comme externes, et à y résoudre différentes situations problématiques. J’évoquais ci-dessus les deux mises en situations qui occupent les 20 dernières minutes de l’épreuve. Les 15 premières minutes sont grosso modo un entretien d’embauche, qui êtes-vous, et pourquoi votre vie vous amène à être candidat pour exercer un métier de l’enseignement. 2) Mon premier sujet portait sur une situation de harcèlement envers un élève via une plateforme utilisée pour déposer des documents. Mon second sujet portait sur une entreprise privée qui me contacte pour proposer une promotion et un ordinateur gratuit dans le cas d’un achat groupé d’ordinateurs personnels, offre dirigée vers les élèves. Dans les deux cas, j’ai appliqué une stratégie qui m’a semblé simple et évidente : – analyse du problème – mise en place de différentes actions, sur les plans pédagogique, disciplinaire, en faisant intervenir les différents acteurs, et en travaillant en équipe – le cas échéant, des pistes pour que cela ne se reproduise plus. 3) Je ne vois pas vraiment de défaut à cette épreuve, que je trouve organique et plutôt saine, se dévoiler ainsi durant 15 minutes, et présenter sa bonne connaissance du système ensuite me semblent être une très bonne stratégie pour savoir qui doit être recruté ou pas.

Le témoignage de Céline

[1&4] Pour moi, le but de l’épreuve est à la fois de voir si les candidats connaissent l’institution et s’ils sont en capacité de se projeter dans le métier. J’ai vu des commentaires comme quoi seul le parcours était évalué, mais ce n’est vraiment pas du tout ce que j’ai senti. Je viens d’un master recherche, ils ne me l’ont absolument pas reproché, au contraire. Ils ont cherché à voir si je comprenais quand même ce qu’était l’éducation nationale, et si je n’avais pas un regard parfois un peu élitiste et faussé sur le niveau des élèves etc. Étant géographe, concernant les questions sur mon parcours, on m’a demandé quelles transpositions je proposerais, de quelle manière j’évaluerais et ferais comprendre le croquis… Ils m’ont aussi posé plusieurs questions sur mes deux mémoires de recherche, et ce que je pourrais en tirer avec des élèves. Concrètement, cela se voit, c’est un entretien durant lequel les jurys cherchent à comprendre si nous savons tirés bénéfice de notre parcours et si on se voit prof. Je pense que présenter ses recherches sans proposer une didactisation, on est à côté. [2] Pour ce qui est des situations, j’ai eu une situation sur un élève durant le cours sur l’esclavage me dit que tous les blancs sont racistes pour faire un truc pareil. J’ai donc expliqué quelle réponse j’aurais donné, autour de l’explication d’un contexte historique et les questions ont tournes autour des termes de racisme, ethnie etc. La seconde situation relevait d’une inégalité de genre, les filles n’ayant pas accès à la table de Ping Pong. J’ai donc proposé un projet avec les collègues et les référents adéquats. [3] Ce qui m’a fait perdre 4 points, c’est certainement l’absence de réaction parfois concrète, ce qui est effectivement difficile quand on n’a jamais été contractuelle ou alternante. Mais j’ai gagné beaucoup de point avec un énorme travail autour des ressources, des acteurs de l’EN, et des dispositifs.