Les Vétos nous plongent dans la réalité méconnue des vétérinaires de campagne. Un saut dans une réalité aux intenses émotions accompagnée de quelques brides d’absurdité et qui permet au spectateur de (re)découvrir les difficultés du métier et de se questionner quant à l’avenir de celui-ci.

Titre : Les Vétos
Réalisateur : Julie Manoukian
Acteurs : Clovis Cornillac, Noémie Schmidt
Genres : Drame, Comédie
Durée : 1h32
Sortie : 1er janvier 2020
Synopsis : Au coeur du Morvan, Nico, dernier véto du coin, se démène pour sauver ses patients, sa clinique, et sa famille. Quand Michel, son associé et mentor, lui annonce son départ à la retraite, Nico sait que le plus dur est à venir. La relève c’est Alexandra, diplômée depuis 24 heures, brillante, misanthrope, et pas du tout d’accord pour revenir s’enterrer dans le village de son enfance. Nico parviendra-t-il à la faire rester ?
Un début pressé : l’oncle prétexte
Un cabinet de vétérinaires, Maurille et Nico, gère toutes les aides et urgences médicales à 40 km à la ronde. Très vite, Les Vétos nous emmènent au cœur de l’intrigue. Pas de place au suspens. Maurille prend sa retraite. Ne répondant plus au message de sa nièce fraîchement diplômée, cette dernière rejoins Morvan le plus vite possible croyant assister à ses funérailles. Maurille l’incite à prendre sa place, avant de s’échapper à l’étranger la laissant en plan, aux côtés de Nico, plus que débordé, avec une vie de famille plus que compliqué. Le film est pressé, le début ne laisse presque aucune place à la présentation des personnages, ni du contexte qui se fera sur le terrain au fur et à mesure. Maurille est plutôt l’oncle prétexte, il est le déclencheur de l’intrigue et malheureusement n’a servi qu’à cela alors qu’il semblait être un personnage sympathique.
Émotion et absurdité
Être vétérinaire laisse place à des émotions. Sauver une vie, donner naissance, être écrasé par la charge du travail, aimer les animaux. Les vétos n’y échappent pas et ses thèmes attendus ont donné naissance à des scènes prévisibles et donc un puzzle en partie déjà fabriqué. La fin de l’œuvre reste pourtant belle et le film laisse échapper assez d’humour et d’absurdité – je pense à la petite fille qui se veut être apprentie – pour stabiliser l’atmosphère et éviter un film dramatique.

Métier méconnu, de ville ou de campagne
Vétérinaire est un métier qui n’a pas eu beaucoup de place au cinéma en tête d’affiche. Et même si le métier connaît quelques émissions télévisées qui valorisent et vulgarisent le métier, il reste encore méconnu. On voit le vétérinaire comme une catégorie uniforme, sans faire la distinction entre celui de la ville et celui de la campagne. Pourtant, ce sont deux métiers dont les différences sont relatées dans le film. La ville étant plus attrayante, elle est plus attirante tandis que la campagne connaît une désertification médicale, tant humaine que animale. Les vétos soulignent excellemment bien les difficultés du métier. Peu de personnel, moyens dérisoires et anciens, très grande variété des cas, longs déplacements, métier peu payé au prix très contraignant pour la population, surcharge de travail qui impacte directement la vie de famille…

Paris / campagne
Cette différence entre le véto de ville et le véto de campagne se ressent dans une autre lecture spatiale : celle de Paris contre la campagne. Les vétos met peut-être en avant le côté nature de celle-ci, d’une communauté de village attachante où chacun connaît son voisin. Pourtant, il a un regard cliché sur la campagne. Outre le fait que les campagnards détesteraient les Parisiens – ce qui est quand même un peu le cas – on peut souligner que les campagnards ont l’air de gros arriérés. Déjà avec Maurille qui semble forcer sa nièce à reprendre le flambeau. Également avec un ou deux habitants de village aux idées conservatrices et misogynes… là où le problème et l’intégration se fait par un babyfoot alcoolisé… dénouement plutôt absurde.

Derrière le film, une sensibilisation
Au fond, Les vétos est un film de sensibilisation aux conditions de travail chez les vétérinaires de campagne. Mais c’est aussi une sensibilisation pour le public et sa manière de traiter les animaux. Le maire d’abord qui n’en fait qu’à sa tête et ne croit pas à la dépression de son chien. Ou encore, cette cliente qui donne du chocolat à son chien. Des clients sans doute infantilisés, mais cela traduit des comportements réels qu’il faut rapidement cesser.
La formation des jeunes : l’avenir ?
Quel avenir pour les vétérinaires à la campagne et/ou de campagne ? Si Les vétos ne répond pas explicitement à la question, sans doute peut-on trouver une partie de la réponse avec cette petite fille qui se passionne pour les animaux et les soins à leur prodiguer. Petite stagiaire, elle se forme sur le tas, très jeune et habite déjà au village et ne connaît donc pas un certain confort « amélioré » de la ville. La formation des jeunes vivant dans la localité du cabinet pourrait être une réponse à cette désertification médicale. Cependant, il reste la question des écoles qui sont rares et situées en ville : il faudrait alors trouver un moyen de faire revenir et même venir les étudiants de la ville en campagne.
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